miércoles, 13 de marzo de 2019

ARTHERAPIE


L' Arthérapie


 Pour mettre tout le monde d'accord, j'ai décidé d'accoller les 2 termes d'art et de thérapie. Si vous saviez combien d'encre a fait couler ce tiret qui normalement les unit en les séparant… Au -delà des conceptions théoriques intéressantes et enrichissantes, je souhaite aujourd'hui vous partager ma vision de l'arthérapie, qui est en lien avec mes études dans différents contextes, mes voyages, mes lectures, mes échanges avec d'autres et surtout ma pratique.
  • L'arthérapie est donc une discipline issue de 2 milieux, celui de l'art et celui de la psychologie, voire au départ de la psychiatrie.
  • Si l'on fait un bref historique, l'arthérapie remonte à ce qu'on appelait alors en milieu hospitalier, l'occupationnel. C'est-à-dire qu'il fallait trouver un moyen d'occuper les patients alors qu'ils étaient enfermés entre quatre murs, si ce n'est toute leur vie, au moins une grande partie. Et les journées étaient longues. Les personnes se sont alors mises à peindre, et on s'est rendu compte que cela avait un effet sur leurs humeurs, même sur leur maladie !
  • Le terme « art-thérapie » est attribué à Adrian Hill, artiste et thérapeute, qui dans les années 1940 fut hospitalisé pour cause de tuberculose au sanatorium du roi Edouard VII à Midhurst, en Angleterre. Il utilisa l'art (plastique) de façon intuitive lors de sa convalescence. Il développa ensuite cette pratique afin qu'elle soit accessible à tous les malades.
  • Avant lui, au début des années 1900, Prizhorn avait rassemblé une collection d'oeuvres de fous dont il a fait un musée d'art pathologique à Heidelberg, en Allemagne. On en retrouve l'histoire au Musée de l'art brut à Lausanne en Suisse, à l'initiative de Dubuffet, peintre, sculpteur, plasticien français.
  • En France, nous avons rapidement utilisée cette technique, dont l'efficacité n'a été reconnue qu'à la fin des années 1980, voire début 1990.

Aujourd'hui, des formations diverses sont proposées, des art-thérapeutes s'installent, des ateliers fleurissent un peu partout. Et même si l'arthérapie n'est pas toujours connue du grand public, elle commence à se répandre, que ce soit dans le champ associatif, hospitalier, au niveau psychologique ou social… Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver pour les personnes désireuses d'utiliser cette thérapie. Si cela vous rassure, il y a des annuaires de référencement. Vous pouvez aussi vous renseigner sur le site du thérapeute. Et suivre votre instinct, votre cœur, ce qui vous parle.
  • On peut pratiquer l'arthérapie en individuel ou en groupe. A mon sens il n'y a pas de contre-indication formelle à cette forme de thérapie, si ce n'est une limitation physique lors de certaines maladies, une trop grande léthargie, ou un risque d'éparpillement, selon la technique employée.
  • Si l'on en vient à une définition, l'Arthérapie est une forme d'expression de soi à travers l'art utilisé comme média, et qui se veut thérapeutique. Elle est un processus qui est accompagné par le.la thérapeute. Il n'y a pas de recherche esthétique en soi, même si elle peut venir de surcroît et que l'on peut se mettre à une pratique artistique à l'issue d'un suivi avec l'art-thérapie. L'idée est de dire ce qu'il y a à dire, au-delà des mots-maux. C'est une thérapie ludique et libératrice. Il n'y a plus de jugement mais une reconstruction de l'amour de soi à travers la perception de sa valeur.
  • En arthérapie, la rencontre se fait entre le patient/client/ la personne et le.la thérapeute, autour d'un média (en l’occurrence plastique pour moi, c'est-à-dire dessin , peinture, pastel, encre, collage, terre…). Il y a donc un objet qui fait tiers. La relation ne se construit pas seulement autour de la parole. Ici, le corps est engagé.
  • On peut notifier aussi que l'arthérapie se décline à travers les différentes formes d'art, telle que la musique, le théâtre, la danse, le chant… On parle aussi de « médiations thérapeutiques par l'art », ce qui se distingue de l'art-thérapie sur divers points, que j'évoque dans ma vidéo « L'art-thérapie pour tous » que vous retrouvez sur ma chaîne YT : Evolutioner avec Marie-Liesse.

Pour autant, il est important de se rappeler que tout n'est pas thérapeutique. Aujourd'hui, on utilise ce terme même sur des cahiers de coloriage… Bien sûr, c'est agréable de pouvoir crayonner, et on se détend le corps et l'esprit. De plus, quelque chose n'est pas thérapeutique en soi, mais peut le devenir. On ne peut le savoir à l'avance. Pourtant, l'arthérapie est réellement une forme de thérapie, elle n'est donc pas un cours de dessin où l'on apprendrait des techniques. Oui, le.la thérapeute peut proposer, guider, apporter un soutien pratique mais il ne s'agit pas de cela en soi. Mais bel et bien, comme décrit plus haut, d'un moment d'expression de soi, de ses conflits internes, de ses doutes, angoisses, interrogations,… afin de pouvoir les voir à distance et en faire ensuite quelque chose.
  • L'arthérapie peut être proposée à l'issue d'un deuil, d'un traumatisme, lors d'une maladie physique ou psychique, si l'on cherche à mieux se connaître, pour travailler sur la confiance en soi, l'image de soi, la relation aux autres...
  • Elle s'adresse à tous les âges de la vie, de l'enfant, à l'adulte, en passant par l'adolescent et jusqu'à l'ancien ; que ce soit en institution (hôpitaux, maisons de retraite, écoles, associations...) ou en cabinet.

Souvent j'entends : « mais je ne sais pas dessiner ! », ou « c'est pour les enfants, non ? », ou « en quoi cela fonctionne-t-il ? » et autres réticences ou idées reçues;)
Alors, ce que je vous propose, c'est d'OSER, essayez, et vous verrez !

jueves, 7 de marzo de 2019

Etre thérapeute


Etre thérapeute

Aujourd'hui, j'aimerais vous partager ma vision de ce qu'est être thérapeute. Il y a tant à dire sur le sujet, et ce que je vous transmets ici est susceptible de changer dans le futur. Ce n'est donc pas exhaustif:) Il est important de se le rappeler, puisque la vie est mouvement. Et que grâce à l'expérience personnelle et professionnelle qui s'acquiert au cours de l'existence, les positionnements peuvent évoluer et cela ne remet en aucun cas en cause ce qui a été pensé, dit, vécu auparavant. C'est naturel. Histoire de nous déculpabiliser quant à nos incohérences…

Pour nous inspirer, le poétique Kalil Gibran : « le soi est un océan sans limites ni mesures. Ne dis pas : « j'ai trouvé la vérité. » Mais plutôt : « J'ai trouvé une vérité. » Ne dis pas : « J'ai trouvé le chemin de l'âme. » Mais plutôt : « J'ai rencontré l'âme marchant sur mon chemin. » Car l'âme arpente tous les chemins. L'âme n'avance pas en ligne droite. Elle se déploie comme un lotus aux pétales innombrables. » (Le Prophète).

Qui est le thérapeute ? C'est une personne qui a une histoire de vie qui l'a amenée à vouloir accompagner les autres. Pourquoi, comment, chaque thérapeute a son histoire mais il me semble que pour soutenir les autres, il faut déjà avoir un bon degré d'auto-analyse. Ce n'est pas se regarder le nombril, mais être en capacité de se voir le plus possible tel que l'on est. Parce qu'il y a toujours quelque chose qui nous échappe mais l'essentiel est là. On parle de présence à soi (référence ici à une de mes thérapeutes, Johanna) ; c'est la capacité à s'auto-observer, à pouvoir s'écouter et s'entendre, répondre à ses besoins, rassurer son enfant intérieur, se donner de l'amour...
Le thérapeute est celui qui a effectué ses rites de passages. De part son vécu et sa vision de la vie, il sait, il a un regard différent sur le monde, les comportements et relations humaines. Il connaît la psyché humaine, le cœur de l'Homme. Et il peut le montrer par qui il est.

Le chemin n'est pas toujours linéaire. Pour ma part, psychologue clinicienne diplômée d'université, on m'a appris à être un écran de projection sur lequel le patient pourrait projeter ce qu'il porte dans son inconscient. Irvin Yalom m'a décomplexée par rapport à ça. Ainsi que Nahid, une thérapeute rencontrée ensuite. J'ai pu respirer et accepter que je suis moi même mon propre outil. Ce que je pressentais depuis quelques temps a pris forme. J'ai pu me défaire de ma mue et ciseler de plus en plus mon identité professionnelle. C'est comme un patchwork composé des différents enseignements reçus, des expériences vécues, des rencontres avec des professeurs, des camarades, des thérapeutes, des patients… dont l'art-thérapie qui est centrale dans ma pratique actuelle.

Ainsi, à la question, le thérapeute , est-ce la personne parfaite qui a réglé tous ces problèmes ? Nous répondons évidemment non ! Pour être thérapeute il y a les diplômes, il y aussi beaucoup de travail sur soi et d'inspiration extérieure et intérieure. « Une expérience vécue de la thérapie permet à l'étudiant thérapeute de se familiariser avec de nombreux aspects du processus thérapeutique tel qu'il est vu par le patient : l'idéalisation du thérapeute, l'aspiration à la dépendance, la gratitude envers un auditeur attentif et bienveillant, le pouvoir accordé au thérapeute. » (I.Yalom, L'Art de la thérapie). 

On voit la vie avec des lunettes de thérapeute même si on peut les enlever aussi ! La force est dans la faiblesse, la capacité de se voir tel qu'on est et accepter de se montrer aussi. Pour cela, comme dit précédemment, il s'agit de s'observer : se rendre compte de comment on agit et réagit. Etre au clair avec ses sentiments et émotions. Et souvent au départ on a besoin d'être accompagné pour intégrer cette gymnastique qui deviendra un réflexe par la suite. Le thérapeute est comme le roseau qui plie mais ne casse pas. « Le thérapeute doit connaître sa part d'ombre et être capable d'aborder avec empathie toutes les inclinations et pulsions propres à la nature humaine. » (I.Yalom, L'Art de la thérapie). 

Le thérapeute est un humain comme les autres. Il sait être humble et reconnaître ses erreurs.
Le thérapeute est en recherche toute sa vie. Il peut donc être accompagné lui-même à différentes étapes, lors de différents épreuves et questionnements. Il y a aussi la supervision et l'intervision avec des collègues.

Ce qui diffère ce sont les approches, les outils, les façons de les utiliser. A chaque thérapeute sa thérapie. Alors oui, cela peut faire peur et dérouter lorsque l'on essaie de synthétiser l'affaire ou lorsque l'on est à la recherche d'un thérapeute. Ici, je ne pourrai que vous recommander de regarder le parcours de la personne, les retours qui sont faits sur son travail, et votre ressenti par rapport à elle. On pourra vous recommander quelqu'un qui a convenu à Georgette et qui aura le même effet sur vous, ou alors pas du tout !
En effet, la relation patient-thérapeute est une relation d'intimité et d'engagement envers soi et envers cette relation. Il convient donc de se faire confiance et de décider à qui l'on accorde sa confiance. Comme nous avons déjà pu le dire, le travail thérapeutique est une co-construction entre le patient et le thérapeute. Alors, si le patient vient chercher quelque chose auprès du thérapeute, ce dernier se trouve aussi transformé par cette rencontre.

Le thérapeute a ainsi traversé l'épreuve du feu. Il se sent et se sait légitime dans son rôle d'accompagnateur et de guide. Pourtant, il ne faut jamais oublier comme le dit Kalil Gibran dans Le Prophète, que « Personne ne peut rien te révéler qui ne soit déjà présent, à demi endormi, dans le clair obscur de ta conscience. Le maître qui déambule à l'ombre du temple, entouré de ses disciples, ne leur transmet pas sa sagesse, mais plutôt sa foi et sa capacité à aimer. S'il est vraiment sage, il ne t'invite pas à entrer dans la demeure de sa sagesse, mais t'emmène plutôt jusqu'au seuil de ton propre esprit. Car un homme ne peut prêter sa vision à un autre homme. Et, de même que chacun de vous reste seul en présence de Dieu, ainsi, chacun de vous doit rester seul dans sa connaissance de Dieu et dans sa compréhension de la terre. »

Merci de m'avoir lue :) 

Cet article est l'occasion pour moi de remercier tous les thérapeutes qui m'ont accompagnée et continuent à le faire : Marine, Florent, D. Sens, Nahid, Farah, Johanna, Hermann, Yesenia, ainsi que tous les auteurs, enseignants, patients, proches qui m'aident sur le chemin de la vie à aller vers plus de Lumière.  

A la semaine prochaine !